Écrire à deux / Écrire à quatre mains / Collaborer

L’écriture est souvent perçue comme une activité solitaire. L’écrivain a une idée de récit, une histoire qu’il porte en lui et élabore, invente, peaufine dans sa tête. Puis vient le jour où il s’assoit devant son clavier ou sa feuille blanche et rédige. Longtemps après, le point final est enfin posé, l’histoire est complète. Tout s’est fait dans la solitude.

Dans la réalité, vous et moi le savons, un écrivain partage ses idées avec les amis, soumet quelques passages à la lecture critique d’un allié, demande conseil à un autre écrivain, à un professeur peut-être, à son éditeur si leur relation le permet. Quelques fois, l’écrivain fera le teste d’une blague formulée par un de ses personnages dans une conversation avec des collègues de travail, ou s’inspirera d’un fait vécu, d’une anecdote racontée par autrui, d’un événement auquel il a assisté, d’un fait divers lu dans le journal, etc.

Et, il y a ceux qui écrivent à deux.

Il existe plusieurs exemples d’écriture en collaboration. D’ailleurs, Michel Lafon et Benoît Peeters ont écrit un livre (à deux, oui) sur le sujet : Nous est un autre. Enquête sur les duos d’écrivains, paru aux éditions Flammarion en 2006.

Pourquoi écrire à quatre mains?
L’écriture en tandem n’est certainement pas adéquate pour tous les écrivains, mais elle comporte ses avantages. En voici quelques-uns :
  1. Le partage des idées : les tempêtes d’idées, la résolution de problèmes tant au niveau de l’intrigue que de la rédaction, le développement des péripéties, les recherches, seront doublement efficaces. Vous connaissez l’adage : « deux têtes valent mieux qu’une. »
  2. La motivation : vous aurez des échéances à respecter, mais surtout, vous ne voudrez pas décevoir votre partenaire d’aventure. Moyen efficace pour vaincre la tentation de la procrastination, mais aussi pour vous surpasser.
  3. L’apprentissage : vous aurez à accepter le regard de votre partenaire d’écriture tout au long du processus. Par conséquent, il vous faudra écouter ses commentaires, discuter, argumenter, retravailler, élaborer, faire des recherches… Cette expérience d’écriture sera certainement fort enrichissante dans votre parcours d’écrivain.
  4. Le partage du « fardeau » : vous n’êtes pas seul face à l’épreuve, vous avez quelqu’un d’aussi impliqué que vous dans le processus de création avec qui partager vos doutes, vos craintes, vos blocages…

Vous pourrez sans doute en trouver davantage, surtout si vous tentez l’expérience. Je vous propose de les ajouter dans les commentaires ci-dessous.

Ce qu’il faut pour que ce soit une réussite…
Comme je le mentionnais au début de la section précédente, écrire à deux ne convient pas à tout le monde. Voici donc, sur la base de mes expériences personnelles, les quatre critères essentiels à une collaboration réussie :
  1. La complémentarité : comme dans tout travail d’équipe, il faut que chacun y trouve son compte. De préférence, les forces de l’un compenseront pour les faiblesses de l’autre et vice-versa.
  2. L’organisation : il est essentiel de trouver une méthode de travail qui conviendra aux deux, tant au niveau de l’horaire, des échéances, de la manière d’écrire (ensemble ou chacun de son côté) et de corriger, commenter, retravailler le texte. Certains diront même que pour écrire à quatre mains, il est nécessaire d’avoir un plan. Disons que ça peut aider, mais…
  3. La flexibilité : malgré la bonne volonté des deux, il est fort à parier que vous ne pourrez respecter TOUTES vos échéances. La vie étant ce qu’elle est, les imprévus surgissent. Il importe alors d’être flexible et compréhensif. Aussi, sait-on jamais comment évoluera votre récit; une surprise vous attend peut-être au chapitre X, modifiant du coup tout le reste de votre plan.
  4. Mettre son égo de côté : votre collaborateur vous fera des critiques, vous lui en ferez en retour. Autrement dit : si vous êtes du genre soupe au lait, prière de s’abstenir! De plus, vous travaillerez fort pour accorder vos styles d’écriture afin que l’œuvre finale n’ait pas l’air d’un patch work. Au final, votre création ne sera pas tout-à-fait de vous, pas tout-à-fait la sienne non plus; vos styles seront confondus, vous ne saurez peut-être plus qui a écrit quelle partie. De ce fait, vous perdrez une part de votre paternité sur l’œuvre finale.

Pour terminer, rien de mieux que des exemples concrets pour illustrer la complexité, mais aussi la satisfaction qui émanent de l’écriture en tandem. Voici donc un article de la journaliste Jade Bérubé paru dans La Presse : http://www.lapresse.ca/arts/livres/romans-quebecois/200810/12/01-28853-ecrire-a-deux-reve-ou-cauchemar.php. Bonne lecture!

Karine


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