Les stéréotypes (2)

Nous entendons souvent parler des stéréotypes comme d’une faiblesse de style. C’en est une. Toutefois, nous ne pouvons pas les élimer simplement en évitant certains thèmes, caractéristiques ou types de personnages. Cela est dû autant à leur essence qu’aux besoins de notre récit.

D’abord, il faut savoir qu’ils sont une construction normale du cerveau. Ce sont des raccourcis de la pensée. Ils nous permettent de tirer des conclusions rapidement, surtout, quand le nombre d’informations auxquelles nous avons accès est limité. Par exemple, une première impression est un stéréotype entremêlé d’un jugement de valeur.

Il est donc impossible d’en supprimer un par suppression, il faut le faire par addition. Plus les informations sont disponibles, plus les caractéristiques propres à chacun ou à une situation particulière sont connues, moins les raccourcis de la pensée sont essentiels. Nous avons alors d’autres options.

Ainsi, pour éviter qu’un personnage soit stéréotypé, il faut l’étoffer, lui donner de la consistance, il faut le munir d’une histoire personnelle ou, au moins, d’une touche personnelle. Évidemment, cela sera plus facile à faire avec un personnage principal qu’avec un figurant. Le premier a beaucoup plus d’espace pour s’exprimer que le second. Par conséquent, la subtilité peut être nécessaire pour déstéréotyper un personnage. Il faut trouver un élément (même minuscule) qui ébranle le stéréotype — une sorte de contrepreuve — et la présenter le plus naturellement possible.

Pourquoi les stéréotypes sont-ils si problématiques ? Parce qu’ils rendent les personnages (ou les situations) moins vrais. Le lecteur s’y attache conséquemment plus difficilement et l’émotion du récit passe moins bien. Autrement dit, s’ils permettent de se faire une idée rapide d’une situation ou d’une personne, ils ne donnent pas accès au cas particulier que nous avons sous les yeux. Il faut donc se rappeler que dans la vie comme en littérature tous les cas sont particuliers et c’est la particularité de chaque cas qui est la force d’une histoire.

Caroline

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